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Enseignement: Un métier dans  la précarité

C’est sur fond de revendications que s’est déroulée la 21ème édition de la journée mondiale des enseignants à Douala.

L’intégration des instituteurs et professeurs contractuels, l’intégration des enseignants d’Eps dans le statut particulier, la convention collective de l’enseignement privé, les avancements automatiques et la création du forum national de l’éducation sont quelques revendications émises par les enseignants au cours de la traditionnelle célébration du 5 octobre. En effet le thème de cette année intitulé « investir dans l’avenir, investir dans les enseignants », ne se limite pas simplement au problème pécuniaires de la profession tels que le salaire, les primes et autres. Il s’agit notamment de passer en revue les conditions de travail et les moyens que se donnent ces derniers pour mener à bien leur tâche quotidienne. A côté du service public où les difficultés sont régulièrement, les problèmes d’avancement, de primes et d’insertion pour les bénévoles, ceux du secteur privé ne sont pas les plus chanceux. Entre les salaires de catéchistes et irréguliers, ils réclament également les cotisations sociales qui sont quelquefois vouées aux oubliettes par l’employeur. Paul N. porte encore son uniforme de la célébration, ce lundi 6 octobre, professeur d’histoire dans un collège privé de la place, l’enseignement pour lui est plus une passion. Par conséquent transmettre ses connaissances à ses élèves, reste son exercice préféré, mais seulement il pense que les conditions de travail sont la seule chose qui puisse le détourner de ses objectifs. « C’est un rêve d’enfant que j’ai fini par concrétiser. Seulement les conditions de travail m’amènent après mes heures de cours, à prendre les enfants à domicile pour les répétitions, histoire d’arrondir mes fins du mois », précise l’enseignant. S’arrimer aux nouvelles technologies Outre ces difficultés suscitées, le secteur de l’éducation comme d’autres d’ailleurs, connait les mutations liées au développement des technologies de l’information et de la communication. Cette mutation est tributaire de plusieurs changement et même dans la qualité de l’enseignement. Pourtant quoi que les cours d’informatique soient insérés dans le programme scolaire, ils restent beaucoup plus théorique que pratique apprend-on. « Nous déplorons le fait que certains établissements aujourd’hui n’ont pas de salle d’informatique, pourtant c’est une matière qui vient aux examens. Le confort de l’enseignant n’est pas aussi gai qu’on le souhaitait. Chaque enseignant devrait avoir son laptop pour être à la pointe de l’information dans les différents enseignements », précise Joseph Nguemhe, secretaire exécutif national de l’organisation nationale des enseignants du Cameroun (Onec). Dans cet ordre, l’enseignant est tenu de s’arrimer à la technologie, histoire d’être en phase avec l’évolution. Une logique dans laquelle s’inscrit le concours du meilleur enseignant utilisateur des technologies de l’information et de la communication, lancé par La Fondation Mtn. Objectif visé par cette initiative, créer une saine émulation entre les enseignants du secondaire, sans distinction de discipline, dans l’utilisation des Tic, susciter le goût de la recherche dans les méthodes pédagogiques et notamment contribuer à l’atteinte d’une éducation de qualité. Ainsi à l’issu de ce concours, les enseignants heureux gagnants recevront un ordinateur portable et une connexion, une indiscrétion révèle également que l’établissement dans lequel travaille le gagnant recevra pareillement un package en guise d’encouragement. Lucienne Wouassi,

Joseph Nguemhe,

« Nous voulons avoir un forum national sur l’éducation »

Secrétaire exécutif national de l’organisation nationale des enseignants du Cameroun (onec), il fait l’état des lieux de son secteur d’activité et relève par la même occasion l’importance des technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement aujourd’hui.

Les enseignants du Cameroun viennent de se joindre à ceux des autres pays du monde pour célébrer la journée mondiale des enseignants, alors au Cameroun quel est l’état des lieux de la profession ?

La situation des enseignants au Cameroun n’est pas très reluisante. J’ai comme impression que les enseignants au Cameroun ne prennent pas la mesure de leur importance, du rôle qu’ils jouent dans la société. De même le commun des Camerounais n’a pas toujours donné aux enseignants sa vraie place, et je pense que c’est l’une des conséquences du fait que ce dernier ne se prend pas quelquefois au sérieux. Ensuite il y’a le gouvernement qui n’encourage pas. Le problème est réel. Une telle fête pour nous, devrait être pleine de réflexions et de négociations entre les travailleurs et les patrons qui sont aussi les fondateurs des établissements privés. Nous nous disons que le dialogue à un moment est rompu sans un résultat palpable. Il faudra néanmoins que le gouvernement revienne sur les négociations, pour contenter les enseignants, les encourager à continuer cette œuvre qui est immense et difficile.

Quelles sont justement les difficultés connues dans le secteur de l’enseignement au Cameroun ?

Nous allons d’abord déplorer le fait que certains établissements n’aient pas de salles d’informatique. Aujourd’hui, l’informatique comme discipline vient aux examens officiels, j’ignore comment cela se passe dans les établissements en zone rural. Les enseignants ont certains griefs, à l’exemple du fait que les instituteurs et les professeurs contractuels ne sont pas intégrés à la fonction publique. On a commencé l’intégration pour les professeurs de sports, mais beaucoup attendent encore. Une autre revendication, la hausse de la prime de recherche et de la documentation. Nous voulons également avoir un forum national sur l’éducation qui va nous permettre de discuter de tous ces problèmes. Il y’a aussi que les programmes commencent à être assez lourds par rapport à ce que nous voulons pour l’émergence. Le Cameroun étant un pays agricole, je crois qu’on devait insister davantage sur la création des structures adaptées qui permettraient aux enfants qui ne sont pas très brillants, de trouver de la place dans le monde rural une fois qu’ils y sont installés par les pouvoirs publics. Il y’a aussi très longtemps nous avons proposé la création des lycées agricoles. Mais toujours est-il le confort de l’enseignant n’est pas toujours aussi gai. Chaque enseignant devrait aller à l’école aujourd’hui avec son Laptop pour être à la pointe des informations qui se rapportent dans les différents secteurs d’enseignement. Il ne faut pas que nous soyons en retard alors que le monde avance.

Au regard du développement, quelle est, d’après vous la place des technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement aujourd’hui ?

Les Tic occupent une place importante. Partant du fait que la discipline qu’on enseigne évolue, en dehors des séminaires de formations, l’enseignant doit se recycler. Les Tic sont alors un moyen de concrétiser l’expression selon laquelle le monde est devenu un village planétaire. L’usage va nous permettre cependant de nous améliorer dans nos disciplines respectives. Je crois qu’il y’a lieu de demander aux fondateurs des établissements et aux autorités publiques de mettre un accent sur l’équipement des établissements en outils de technologie et de même qu’un contrôle puisse passer pour s’assurer de l’utilisation effective par les élèves.

Propos recueillis par Lucienne Wouassi

Joseph Nguemhe

Joseph Nguemhe

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