Diabète: Près de 5% du taux de prévalence au Cameroun

Encore appelé tueur silencieux par les spécialistes de la santé, le diabète est une maladie qui devient de plus en plus fréquente dans la société camerounaise.

Alphonse D. est diabétique depuis de nombreuses années. La cinquantaine bien entamée, il partage son quotidien avec cette maladie. Dépisté, il y’a de cela 10 ans exactement, il doit la vie sauve à une bonne hygiène de vie, à du sport et surtout à la réduction du sucre dans son alimentation. Pour celui donc le diabète est devenu un partenaire de vie, les débuts n’ont pas été faciles. « Je n’avais aucun symptôme qui indiquait que j’étais malade. Je suis allée faire des examens de routine et mon médecin m’a signalé que j’étais diabétique », explique-t-il. Sa vie n’était plus ce long fleuve tranquille. « J’ai à partir de ce jour commencé à faire attention à tout ce que je mange. Ma vie est devenue bien différente. Car c’était fini la bière, les repas en forte teneur en graisses, des produits laitiers sucrés et bien d’autres. J’ai commencé sérieusement à pratiquer du sport, et surtout vérifier mon taux de glycémie de temps en temps », ajoute Alphonse. Comme lui, plusieurs Camerounais, sont aujourd’hui des victimes de cette maladie qui selon les médecins est dangereuse.

Estelle, fille d’un Diabétique, ne peut pas malgré le décès de son papa, oublié les moments passés auprès de lui pendant sa maladie. Au-delà de la triste expérience, elle pense qu’il est important de la partager. « Il fallait éviter qu’il mange n’importe quoi. Les rendez-vous chez le médecin étaient courants. Son alimentation devait être suivie de près pour éviter des complications. Il doit manger toutes les viandes maigres sans graisses. Eviter les boîtes de conserve, les laits entiers concentrés sucrés ou fromages gras pour donner quelques exemples. Quand les complications arrivent, il faut faire face également à l’insuffisance et là les risques de le perdre sont proches », raconte Estelle, pour qui ces règles sont restées gravées dans la tête.

La maladie

D’après les médecins, on parle de diabète lorsque l’organisme ne produit plus suffisamment d’insuline ou ne peut l’utiliser efficacement. De même on distingue, deux types : à savoir le diabète de type 1 et celui de type 2. Pour le diabète de type 1, on apprend qu’il est auto-immune et empêche le corps de produire de l’insuline, il touche principalement les enfants et les jeunes adultes. Par contre le diabète du type 2 est plus répandu chez les adultes de plus de 40 ans. Il se définit comme une perturbation du métabolisme qui résulte de l’incapacité du corps à utiliser efficacement l’insuline produite. Selon le Dr Jean Toto Moukouo, plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de ce type de Diabète. « La génétique, l’obésité, l’alimentation peu appropriée et le manque d’activité physique sont des facteurs qui jouent un rôle important dans son développement », rappelle le spécialiste en maladie interne. Une autre particularité du diabète de type 2, l’absence de symptômes majeurs. Contrairement au type 1 où les sujets ont une soif intense, des mictions fréquentes, une faim constante, une soudaine perte de poids, des troubles de la vue, ceux-ci ne manifestent aucun symptôme, par conséquent ils sont souvent dépistés après de longues années. Parce que le traitement consiste au maintien de la glycémie à un niveau proche de la normalité, apprend-on, il est capital de prendre les précautions. « Pour éviter le diabète l’on doit avoir une bonne hygiène alimentaire, pratiquer beaucoup de sport et surtout faire régulièrement un bilan de santé pour se rassurer », précise Dr Jean Toto.

Dans le cadre de la lutte contre le diabète au Cameroun, Sanofi avec des partenaires, tel que la société de téléphonie Mtn mènent des campagnes d’information sur la maladie. Une campagne qui se décline entre autres en Sms, affichage, un numéro vert destiné à orienter les personnes vers les centres de dépistages.

Dr Jean Toto Moukoua

« Le problème de base c’est l’utilisation du sucre…»

Spécialiste en médecine interne, hypertension artérielle, maladies circulatoires et en médecine préventive cardiovasculaire, le médecin du centre d’hypertension artérielle, donne des éclairages sur le diabète en parcourant tour à tour les causes, les facteurs de risques et surtout en donnant quelques astuces aux diabétiques pour maintenir leur glycémie.

Qu’est ce que le Diabète ?

C’est une maladie qui vient d’un défaut de régulation de la production d’insuline. Qui même, si elle est produite en quantité normale, peut arriver à ne pas permettre une bonne utilisation, un bon métabolisme du glucose dans les cellules et dans les organes. C’est ce défaut, cette dis régulation, la capacité de l’insuline à assurer son métabolisme. Il y’a deux sortes de diabète. Il y’a le diabète de type 1 que l’on voit souvent chez les enfants jusqu’à l’âge de 14 ans. Le diabète de type 2 , qui est celui acquis à la maturité, et qui atteint les adultes qu’ils soient obèses ou non. Chez qui l’insuline produite normalement n’arrive pas à faire pénétrer le sucre dans les organes.

Quelles sont les causes de la maladie ?

Comme je l’ai dit, il y’a des causes innées, qui sont congénitales. Pour les autres causes qui entraînent une surproduction du sucre, c’est le cas de l’obésité, d’une surconsommation de sucre qui va mettre l’insuline en mal. L’obésité qui sollicite également beaucoup de calories et beaucoup de production du sucre. Le manque d’exercice physique, parce que l’exercice physique participe à la régulation de tout le métabolisme dans l’organisme, et permet de mieux utiliser le sucre et par conséquent à chaque fois de mettre les ilots de langue rares en jeu pour pouvoir produire suffisamment d’insuline, et pour contrôler le sucre dans l’organisme. En partant de là, il y’a la sédentarité, l’alimentation. Une mauvaise alimentation peut être source de Diabète. Si on n’équilibre pas son une alimentation en apport et en sortie de sucre, on s’expose également.

Quels peuvent être les symptômes ?

Quelques fois il n’ya rien. Ça fait parti aussi des maladies silencieuses, on découvre seulement l’occasion d’une mesure de la glycémie , que le médecin veut prendre comme une mesure systématique. Quand les symptômes arrivent dans le cas du diabète de type 1, c’est souvent l’amaigrissement. La fatigue attire souvent l’attention, des malaises itératifs. Dans les autres cas, si le sucre n’est pas utilisé, il faut bien que l’excès soit éliminé. Et c’est souvent les urines, il y’a une surproduction d’urines, et le sujet urine beaucoup et en le faisant, il élimine beaucoup d’eau et donc il a toujours soif. En éliminant aussi beaucoup de sucre, ils ont souvent faim, donc ils mangent beaucoup. C’est la triade, polyurie, polyphagie, polyducie. Ça peut être aussi des malaises. Parce que les gens ont accumulé beaucoup de sucre, ils ont une surcharge de glucose dans l’organisme et on peut le découvrir à l’occasion d’un coma. Parce que le cerveau n’arrive plus à supporter, parce que c’est un organe extrêmement sensible. De surcroit le taux de sucre dans l’organisme peut entraîner un Coma. Il y’a aussi l’insuffisance de la production d’insuline, il y’a les problèmes d’hypoglycémie. Voilà les signes et quand cela arrive souvent c’est déjà tard.

Quels sont les facteurs de risques du diabète ?

Comme facteurs de risques, on va citer, l’obésité, le manque d’exercice physique, la sédentarité, la suralimentation, c’est-à-dire les gens qui mangent beaucoup sans discipline alimentaire. Mais il y’a l’hérédité dans les diabètes de types 1 et même dans les types 2, il y’en a qui hérite de l’impossibilité de l’insuline à bien réguler le métabolisme possible. Il y’a les facteurs qui sont associés comme l’hypertension artérielle. Mais c’est le diabète qui grâce à l’insuline qui est mal produite peut être à l’origine de l’hypertension et pas l’inverse. L’alcoolisme est également un facteur de risque.

Quelles précautions peut-on prendre pour éviter l’hypertension artérielle ?

Il faut éviter l’obésité, manger beaucoup de légumes que de féculents et surtout bouger. Eviter la sédentarité, et corriger les habitudes familiales. Car il y’a les familles dans lesquelles on mange beaucoup. La malnutrition, et vous voyez pourquoi dans les pays occidentaux, la mauvaise alimentation c’est-à-dire les fastfoods, des hamburgers, entraînent la propension de l’obésité qui à son tour favorisent la prévalence du diabète.

Quels comportements doivent adopter les diabétiques ?

La règle d’or c’est d’abord la régulation de l’alimentation, les règles diététiques. Parce que c’est le combat, le problème de base c’est l’utilisation du sucre. L’organisme lui-même produit du sucre, donc si vous ajoutez du sucre contenu dans les aliments, c’est un problème. Donc la base, c’est le régime diététique. Ça peut se trouver dans l’alcool et dans l’organisme. L’alcool se transforme essentiellement en sucre dans l’organisme. Il y’a la surveillance régulière du taux de glycémie. Le contrôle médical est indispensable, pour prescrire un certain nombre de paramètres biologiques donc la glycémie et l’hémoglobine et suivre tous les autres éléments qui accompagnent la complication. Le diabétique aujourd’hui doit lui-même être son propre contrôleur. Il doit disposer d’un glucomètre qui lui permet de surveiller sa glycémie. Il peut le faire de façon simple, dans les urines. Il doit pouvoir surveiller son alimentation et faire des exercices physiques réguliers. Consulter son médecin et faire des bilans au moins une fois par an. Pour d’autres paramètres, la participation du médecin est indispensable.