Dr Oumarou Ngnigninanjouena:« La lutte contre Ebola ne saurait influencer celle contre le Sida »

Chef de district de santé de Deïdo, il revient sur les mesures prises pour barrer la voie au virus Ebola dans son district et rappelle notamment que la lutte contre le sida reste d’actualité

Qu’en est-il des mesures préventives de la fièvre à virus Ebola dans votre district de santé ?

Dans notre district, les choses ont déjà été faites par le gouvernement pour préparer une éventuelle riposte au virus Ebola. La première chose qui a été fait au niveau des districts c’est le renforcement des capacités des ressources humaines, cette phase est toujours en cours, cela a commencé. C’était une formation en cascade, il était question de renforcer les capacités des ressources humaines dans la gestion d’un éventuel cas d’Ebola. C’était une phase très importante, car il faut savoir ce qu’il faut faire face à un cas. Comment est ce qu’on doit prendre en charge les malades, quel est le traitement disponible, qu’est ce qu’on doit faire pour que la maladie ne se propage pas. Ebola c’est un virus très contagieux qui nécessite certaines précautions dans la prise en charge, pour que le personnel même ne soit pas contaminé. Il était aussi question de voir dans quelle mesure on peut créer des centres, des salles d’isolement, le ministre avait fait une descente sur le terrain et à l’hôpital Laquintinie qui est dans notre district de santé. Il a été prévu un centre de prise en charge d’Ebola. En plus, il y’a un autre aspect qui concerne la sensibilisation de la communauté qui est aussi en cours dans notre district. Il est question de sensibiliser la communauté par rapport aux mesures préventives de la maladie Ebola. Cette sensibilisation se fait essentiellement à travers les formations sanitaires. Nous avons intégré dans le volet de Ccc (comportement pour le changement de comportement) et le volet prévention. En plus, ça se fait aussi au niveau des districts avec les structures de dialogue. Ils se chargent de sensibiliser les communautés sur la prévention de la maladie. C’est l’essentiel de ce qui a été fait jusqu’ici. Néanmoins le Cameroun n’a jamais eu de cas d’Ebola, ça veut dire que c’est nouveau et doit attendre à le ménager. C’est vrai qu’il n’est pas différent des autres épidémies, mais son virus est plus agressif.

Maintenant que les regards sont focalisés sur une peur du virus Ebola, est ce que la lutte contre le sida ne prend pas un coup ?

Je ne pense pas. La lutte contre le Vih se fait au sein d’un programme qui est bien structuré et organisé. Par conséquent la lutte contre Ebola ne saurait influencer cette autre maladie. Depuis les années 2000, il y’a eu beaucoup d’évolutions. Les malades du Sida continuent d’être prises en charge tous les jours. La sensibilisation continue. Il y’a d’ailleurs eu beaucoup d’évolution dans le programme de lutte contre le vih-sida. Il y’a beaucoup de choses qui ont été faits, on a la gratuité du traitement qui est actuellement une réalité dans toutes les structures de prise en charge. Le bilan de suivi est subventionné. Si vous rentrez également dans les statistiques, la tendance est à la baisse, que ce soit le nombre de malades qui meurent de Vih aujourd’hui, ou de nouveau cas enregistré, la courbe est descendante. Il y’a eu une évolution favorable et d’aucuns disent qu’actuellement quand le sida est vite diagnostiqué on n’en meurt plus au Cameroun. Certes il y’a certaines difficultés dans la prise en charge, mais il faut savoir qu’il y’a eu une évolution très positive en ce qui concerne cette maladie. Propos recueillis LucienneWouassi