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Changement climatique: La question au centre des débats

L’arrêt de la déforestation avancé comme l’une des solutions possibles pour la protection de l’environnement.

Les problèmes liés au changement climatique sont de plus en plus perceptibles sur la planète. Des saisons bouleversées, l’augmentation de la température et la réduction des précipitations sont désormais une réalité. Entre les solutions, la protection de l’environnement avec la réduction de la déforestation et l’émission des gaz à effet de serre. C’est tout le sens de l’atelier de validation des objectifs du système national de surveillance de carbone forestier(Snscf) qui se tient à Douala du 23 au 27 mars 2015. Pour les nombreux participants à cette rencontre, parmi lesquels les consultants Américains sur les questions environnementales, il est question de donner un objectif et un contenu plus visible au système national de surveillance de carbone forestier. En effet, depuis la validation du plan de préparation de la proposition (R-pp), la réduction des émissions dues à la déforestation (Redd+), le Cameroun est dans la phase d’élaboration de sa stratégie. Dans ce cadre, on apprend que deux inventaires nationaux ont été réalisés sur le territoire national par le ministère de l’environnement et des forêts. Objectif de ces inventaires, évaluer de manière quantitative et qualitative la richesse des peuplements forestiers en vue d’une planification de la gestion.

D’après les experts, la protection de l’environnement en passant par la préservation des forêts devrait être un atout pour les différents pays en voie de développement. Car parce que les pays occidentaux ont déjà détruit leurs forêts, il est donc important que les pays en voie de développement tirent profit de cette conservation. « Comme la communauté internationale veut utiliser nos forêts pour purifier de l’air, ça devient un outil pour nous de développement. Nous disons ok, nous allons conserver nos forêts, réduire la déforestation mais en contre partie, nous avons besoin des moyens financiers pour développer certains secteurs dans notre pays », explique Timothée Kagonbe.

Pendant cinq jours, les participants devront déboucher sur les résolutions qui sont entre autres la définition révisée et harmonisée de la forêt au Cameroun et la classification des affectations et d’utilisation des terres, la révision et l’harmonisation de la légende.

Lucienne Wouassi

Interview

Timothée Kagonbe

«Il faudrait que les pays occidentaux qui sont à l’origine des changements climatiques, puissent nous donner des moyens pour nous développer »

Sous directeur encadrement et partenariat au ministère de l’environnement et des forêts, il revient sur l’avantage que peut tirer les pays en voie de développement dans la protection des forêts.

Est-ce qu’on peut savoir ce que c’est que la Redd ?

C’est un mécanisme, un processus qui découle des négociations de changement climatique. Parce qu’il faut trouver les voies et moyens pour limiter les gaz à effet de serre qui sont à l’origine de l’augmentation de la température, de la réduction des précipitations. Alors, on a constaté que la déforestation, la dégradation continue à rejeter dans l’atmosphère des émissions, il faut donc trouver un moyen pour réduire la dégradation, pour conserver les forêts. Parce qu’à l’école primaire on nous dit que les forêts absorbent le gaz carbonique et rejettent les oxygènes. Donc la conservation et la réduction de cette déforestation va faire en sorte que la chaleur produite par le gaz carbonique soit absorbée par les plantes, par les forêts et purifier de l’air. En terme facile c’est ça la Redd qui est la réduction des émissions dues à la déforestation, donc à la dégradation.

Le Cameroun est actuellement dans la phase d’élaboration de sa stratégie, à quand date son adhésion à la Redd ?

Le Cameroun adhère à la Redd, depuis les négociations de 2005. Je parlais toute à l’heure du plus, qui est l’émanation du bassin du Congo et particulièrement le Cameroun. Nous étions en négociation avec Pr Amougou, et c’est le Cameroun et les pays de l’Afrique Centrale qui ont insisté qu’il y ait ce plus. Ça veut dire qu’en ratifiant le protocole de kyoto de 1997, le Cameroun a participé dans toutes les négociations et s’engage avec la communauté internationale à œuvrer dans la réduction des émissions de toute nature.

Pour ce qui est du Cameroun, quels sont les enjeux de la réduction des émissions dues à la déforestation (Redd) ?

La Redd doit être utilisée comme un outil de développement. Je commence par parler des enjeux parce que dedans nous voyons les opportunités au niveau de l’agriculture, de l’élevage, au niveau du palliatif par rapport à l’énergie bois. Il faut trouver toutes les solutions par rapport à ces problèmes. Vous savez, l’agriculture pour le Cameroun est un outil important de développement, qui couvre 80% du secteur Camerounais. Et quand on parle de l’agriculture, il faut voir aussi l’exploitation de la forêt et dans ce cas comme la communauté internationale veut utiliser nos forêts pour purifier de l’air, ça devient un outil pour nous de développement. Nous disons ok, nous allons les conserver, réduire la déforestation mais en contre partie, nous avons besoin des moyens financiers pour développer certains secteurs dans notre pays. C’est ça les enjeux pour le Cameroun et voilà pourquoi nous disons, pour la vision du Cameroun, c’est le développement ou rien. Et si cela ne peut pas nous apporter le développement, la Redd pour nous ne serait pas un outil valeureux.

Est-ce qu’il est possible de se développer sans détruire les forêts ?

C’est possible dans une certaine mesure. Déjà la question de changement climatique incombe au monde entier. Aussi bien les pays développés vont souffrir de ça que nos pays en développement. Et surtout nos pays en développement parce que nous n’avons pas les moyens financiers, nous sommes selon les termes techniques, les pays les plus vulnérables au changement climatique. Les pays occidentaux ont déjà tout détruit et comptent sur nos forêts. Maintenant dans les négociations et en thème pratique nous disons que nos forêts sont comme des supermarchés chez vous. C’est dans nos forêts que nous trouvons de quoi envoyer nos enfants à l’école, que nous trouvons tout, alors s’il faut les conserver pour le bien de la communauté et comme nous voulons nous développer, il faudrait que les pays occidentaux qui sont à l’origine des changements climatiques puissent nous donner des moyens. C’est seulement dans ce sens qu’on va accepter et participer au mécanisme, mais ça relève encore du volet de la volonté politique de chacun.

Parlant justement de changement climatique, où en est-on au Cameroun ?

D’ici quelques semaines le Cameroun va valider un document très essentiel que nous appelons la communication nationale sur le changement climatique. Le deuxième sera validé d’ici deux semaines et c’est un document qui ressort secteur par secteur, zone agrologie avec les différentes régions et les différents problèmes liés au changement climatique dans le pays. Quelles sont les zones à risque, quelles sont les zones les plus vulnérables, quelles sont les causes du changement et quelles sont les mesures à entreprendre pour le Cameroun, secteur par secteur pour réduire ses émissions à effet de serre. Sur le plan institutionnel, le Cameroun a déjà ratifié un certain nombre de convention, de protocole dans le sens du changement climatique. Mais le Cameroun a mis également sur pied un ensemble de travaux dans le sens des stratégies pour lutter contre ce changement climatique. A l’exemple, il y’a un grand programme appelé le Pac programme qui a été développé. Dans ce programme on a essayé de répertorier les différents problèmes de changement climatique dans toutes les régions et proposé des solutions. Et les solutions sont proposées sous forme de projets et de programme structurant dans les différentes régions, et maintenant nous sommes à la recherche des financements.

Propos recueillis par Lucienne Wouassi

Changement climatique: La question au centre des débats
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